On skiait sur le toit du Var au mont Lachens 10 février 2013

On skiait sur le toit du Var au mont Lachens
Var Matin - publié le dimanche 10 février 2013

Dans les années 1950, les sports d'hiver transforment la neige en or blanc. Les sommets ne sont plus le domaine réservé des explorateurs. Les hommes d'affaires scrutent ces déserts glacés, futures stations de ski. Le 4 avril 1951, un ingénieur des Ponts et chaussé de Touion affirme dans une note qu'une station de sport d'hiver au mont Lachens, dans le Var, est envisageable. Dix ans plus tard, des entrepreneurs de Saint-Raphaël créent la société Varneige. En 1965, ils inaugurent la première - et unique - station de sports d'hiver du département, sur le mont Lachens, toit du Var à l7l4 mètres d'altitude. Un rêve fou !
Montée périlleuse
A l'époque, il tombe assez de flocons pour lever une armée de bonshommes de neige. La station possède deux téléskis et trois pistes. Les skieurs arrivent de Draguignan mais aussi de toute la côte varoise : deux heures de route pour les Toulonnais. Certains s'échappent des Alpes-Maritimes, la commune de Grasse est toute proche. Ils viennent, souvent pour la journée. Le jeudi, jour de repos des écoliers, et le dimanche, la station fait le plein. Là-haut, il n'y a qu'un seul hôtel de 2l chambres. Il fait aussi restaurant. Ses baies vitrées donnent sur la piste de luge et un remonte pente. Les parents déjeunent tout en admirant les prouesses de leurs enfants. Pendant ce temps, des champions français, tels Jean-Claude Killy ou encore Marielle Goitschel, née à Sainte Maxime, font grimper la cote de popularité du ski.

Cependant, ce petit paradis blanc du mont Lachens se mérite. Il est très branché d'y monter en voiture. Simca, 2 CV, Dauphine, 404... Défilent sur la commune de La Bastide. La route d'accès y grirnpe à travers les sapins. Elle est si étroite que l'on ne peut s'y croiser ou à peine. Alors quand arrive un car et qu'en plus il neige, c'est la catastrophe. Tout le monde n'a pas les chaines dans le coffre. Le camion qui amène I'eau à la station est régulièrement pris dans des situations périlleuses.

Les difficultés d'accès, l'absence d'eau courante, le manque de neige, la concurrence des stations des Alpes-Maritimes - comme L’Audibergue toute proche sur les communes d'Andon et Caille, les difficultés financières font fondre ce rêve. En 1971, l'hôtel est vendu aux enchères. La ville de Saint-Raphaël le rachète : les enfants y vont skier. Ce n'est qu'un sursis. Après plusieurs propriétaires, le conseil général rachète le site pour un euro symbolique. L’hôtel tagué, pillé, vandalisé a été rasé l'année dernière en octobre 2012.

Ils ont vécu cette aventure

« ll y avait des embouteillages énormes.
Certains automobilistes n’avaient pas les chaines. Les gens s'entraidaient, se souvient Claude Marin, maire de La Bastide. J’avais 15 ans quand j'ai fait mes premières descentes Là-haut. Il fallait 5 mn pour faire la plus longue piste. On n'avait pas les tenues d'aujourd’hui, juste notre anorak de tous Ies jours et nos chaussures, attachées aux skis avec une sorte de ressort. »

Le camion de M. Fouque était estampillé France Lait
Les trois citernes à l'arrière, de 2000 litres chacune, n'acheminaient pas le lait vers la station mais de l’eau le point faible insoluble, il fallait alimenter la citerne de 60 000l de t'hôtel-restaurant. « C'était dangereux. En général, je ne montais pas le week-end, sauf s'il y avait urgence. La route était si étroite que l’on ne pouvait pas se croiser Le week-end, il y avait des voitures partout. Si le car devait descendre, on me téléphonait pour me dire de ne pas monter Parfois on a eu un mètre de neige. Mais on a passé de bons moments.»

La station étant prise d'assaut,
On faisait régulièrement appel à M." Fouque, son épouse, pour renforcer en cuisine, l'équipe du restaurant : « l’hôtel était tout vitré, en plein soleil. J’avais   une quarantaine d'années. Les plus gros jours, c'était le jeudi, les samedis et dimanche mais aussi le lundi. Il fallait laver la vaisselle à la main. Vous imaginez quand on avait jusqu'à 200 couverts ! »






RÉGINE MEUNIER
rmeunier@nicematin.fr
Merci à Rémi Rocca de l'Azur Ski Club 5aint-Raphaël-Fréjus et Jean-Claude Mivielle de la feuille de chou.

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Photo du site le 20 mars 2010

Trois photo prise par Phillippe Verney au printemps 2010,sur l'ancien domaine skiable. Photo Philippe Verney