Le monde parue le 20 aout 2012

Varneige et ses flocons en moins ''le Monde" parut le 20 aout 2012

LE MONDE | 20.08.2012 à 14h51 • Mis à jour le 20.08.2012 à 15h10 |
Par Olivier Razemon - La Bastide (Var) Envoyé spécial

Varneige. A lui seul, le nom de la station sonne comme une promesse. En résumé : la neige dans le Var, des flocons au pays du soleil... Au début des années 1960, la France croit au développement du ski alpin. Plusieurs jeunes hommes d'affaires de la cité de Saint-Raphaël, sur la côte varoise, jalousent le succès de l'Audibergue, sise sur la montagne du même nom. C'est une petite station des Alpes-Maritimes équipée de quelques téléskis, où les familles de la région, de Grasse à Draguignan, découvrent les joies de la glisse hivernale.

 La montagne de Lachens, 1 714 mètres, point culminant du département du Var, sur le territoire de la commune de La Bastide, cadre bien avec les ambitions des promoteurs. Entre décembre et mars, on y mesure jusqu'à trois mètres de neige. Idéalement situé entre Grasse et Digne, à une heure de route de Draguignan, ce promontoire offre un panorama à couper le souffle sur la baie de Cannes, sur les îles de Lérins et le golfe de Saint-Tropez. On y voit même par temps clair les sommets de la Corse.


Mais les ambitions des entrepreneurs raphaëlois demeurent modestes. Deux téléskis qui desservent trois courtes pistes sont inaugurés en 1965. La plupart des skieurs montent à la journée, "le dimanche et le jeudi, jour de repos pour les écoliers", se souvient Claude Marin, géomètre à la retraite et maire de La Bastide, qui a fait ses premières descentes à ski sur les pentes neigeuses de Varneige.

 Les promoteurs ont fait construire un hôtel-restaurant de trois étages, au pied des pistes. "C'était un bâtiment assez joli, doté du chauffage central et de radiateurs en fonte. On s'installait sur la terrasse en bois pour y boire un chocolat chaud", témoigne M. Marin. Les premiers hivers, la station tient ses promesses : neige et soleil sont au rendez-vous.

 Un destin tragique :

Quelques années plus tard, un drame bouleverse le destin de Varneige. L'entrepreneur chargé de veiller au fonctionnement de la station décède dans un accident de plongée. Les pistes ouvrent encore quelques hivers puis les infrastructures se dégradent. "C'était voué à l'échec, analyse aujourd'hui le maire de La Bastide.

 Un accès difficile

L'accès, par une route étroite de montagne, n'était pas aisé. Et, surtout, la montagne de Lachens ne dispose d'aucune réserve d'eau".
 
Un malheur n'arrivant jamais seul, la station va subir une seconde épreuve : soumis aux conséquences du dérèglement climatique, le point culminant du Var n'offre plus à la vue aujourd'hui qu'un paysage désolé. Depuis bien longtemps, les flocons ne tombent plus sur la fort mal nommée Varneige. Mais le tracé du grand téléski reste encore visible : un sillon parmi les herbes folles. Du fameux hôtel, ne subsiste que la carcasse. L'intérieur a été pillé, vandalisé, tagué. Le sol est recouvert de terre et de carrelage brisé. Manifestement, de nombreux groupes ont séjourné dans cet antre. Sur un mur, un slogan du Front national.
 
Le bâtiment, revendu plusieurs fois, appartient désormais au Conseil général du Var. Sa destruction est prévue dans les prochains mois. M. Marin, à La Bastide, n'éprouve aucune nostalgie pour ce morceau d'histoire qui disparaît. Bernard Clap, président de la communauté de communes Artuby-Verdon, reconnaît aujourd'hui que les élus auraient pu se mobiliser davantage. "De toute façon, se résigne-t-il, les sports d'hiver, ce n'est pas la culture de notre département."



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Photo du site le 20 mars 2010

Trois photo prise par Phillippe Verney au printemps 2010,sur l'ancien domaine skiable. Photo Philippe Verney