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Article Le VarMag n° 184 de avril / mai 2014


Intoduction :

Voici un article parut dans le VarMag n°184 écrit par le Conseil Général du Var, ou l'on parle des actualité du Mont Lachens a propos de la démolition de l'ancienne station de ski de Varneige


Ce que résume l'article :

Le printemps 1960 avait ce parfum d’audace et de promesses neuves. Sur les crêtes balayées par le vent du Mont Lachens, à 1715 mètres, un petit groupe d’hommes d’affaires varois observait l’horizon. Ils voyaient déjà, là où il n’y avait que rocailles et silence, les silhouettes des skieurs dévalant des pistes, les tables d’un hôtel-restaurant dressées face au couchant, et l’animation joyeuse d’une station de ski unique en son genre : la seule du Var. Les travaux commencèrent rapidement. On traça deux téléskis, trois pistes modestes mais fières, et, au pied des départs, on éleva un hôtel de trois étages, robuste et élégant. En 1965, Varneige était prête. Le week-end, des voitures venues de la côte s’alignaient dans la neige, et les familles montaient pour la journée, respirer l’air vif et retrouver un coin d’hiver dans le sud.

Mais l’euphorie dura peu. L’entrepreneur qui portait le projet, moteur et âme de la station, mourut soudainement. La montagne, elle, se montra capricieuse. Les hivers maigres en neige, l’accès difficile par les routes sinueuses, et surtout l’absence d’eau courante fragilisèrent tout. Varneige tint encore quelques années, portée par la passion de quelques bénévoles, avant que le silence et le gel ne s’installent. L’hôtel, fermé, commença à se faner sous le soleil et les vents. Dans les années 70, la mairie de Saint-Raphaël racheta la bâtisse, tenta de la remettre en état, puis la revendit en 1981 au SIVOM de la Bruyère, qui lança une quête acharnée d’eau… en vain.

En 1986, le bâtiment n’était plus qu’un squelette battu par les courants d’air. Les vitres manquaient, les portes pendaient, tout ce qui pouvait être arraché avait été emporté. Pierre Jassaud, président du tout nouveau SIVOM Artuby Verdon, décida de murer les ouvertures. L’espoir d’un acquéreur persistait, comme une flamme fragile, mais les années passèrent sans projet sérieux. Les herbes folles grignotèrent l’esplanade, la peinture se délava, et Varneige devint une verrue plantée dans le décor splendide du Lachens.

La fin arriva dans un mélange de nostalgie et de soulagement. La propriété, vendue pour un euro symbolique au Conseil général, fut démantelée en deux temps : désamiantage, puis déconstruction. Les 1100 m³ de gravats, broyés sur place, servirent à réparer les routes voisines – dernier service rendu par Varneige à son territoire. Mais ce n’était pas une disparition totale. En parallèle, 42 hectares de terrains militaires furent rachetés et classés en espaces naturels sensibles. Là où jadis on cherchait à tracer des pistes, on protège désormais les pelouses steppiques et les forêts de résineux. Le toit du Var est redevenu sauvage, mais il garde en lui l’empreinte d’un rêve : celui d’une petite station qui voulait offrir l’hiver aux Varrois.

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