Var Matin du 03/10/2012

Varneige le rêve a définitivement fondue 


Introduction :

un article paru  peu de temps après la démolition du bâtiment qui pollua le Mont Lachens depuis des décennies et la vie passif de cette station ancienne varoise.


Ce que résume l'article :

Pendant plus de vingt ans, l’hôtel restaurant de l’ancienne station de ski de Varneige, sur le sommet du Mont Lachens (1 715 m), a dominé la région comme une silhouette fantomatique. Cette semaine, il a été définitivement démoli, mettant fin à une longue période d’abandon qui ne suscite chez les habitants ni réelle nostalgie ni regrets, mais plutôt un sentiment de soulagement. Le site, perché au cœur d’un panorama spectaculaire qui embrasse à la fois la baie de Cannes et le golfe de Saint-Tropez, a souvent été comparé à l’hôtel inquiétant du film Shining, tant son état de ruine isolée renforçait une atmosphère étrange et presque effrayante.

L’histoire commence dans les années 1960, lorsque quelques hommes d’affaires de Saint-Raphaël décident de créer une petite station de sports d’hiver capable de rivaliser avec celles des Alpes-Maritimes voisines. En 1965, Varneige ouvre avec deux téléskis, trois pistes modestes et un hôtel-restaurant de trois étages. À l’époque, le Mont Lachens bénéficiait encore d’enneigements réguliers qui attiraient familles et skieurs d’un jour depuis toute la côte varoise. Mais cette embellie fut de courte durée : dès les années 1970, les chutes de neige se font plus rares, le climat se dérègle, et l’accès par une route sinueuse décourage les visiteurs. Pire encore, le site souffre d’un problème chronique : l’absence d’eau potable.

Ce manque, conjugué au déclin de l’enneigement, provoque la fermeture rapide de la station. En 1981, la mairie de Saint-Raphaël rachète le bâtiment déjà délabré, puis le revend au Sivom de La Bruyère, qui tente une réouverture après quelques rénovations. Mais en 1986, lors de la transformation en Sivom Artuby-Verdon, le constat est amer : l’hôtel est de nouveau dans un état critique, et les activités cessent pour de bon. Le bâtiment reste alors à l’abandon, victime du temps et des intempéries, jusqu’à ce que le Conseil général du Var l’acquière en 2011 pour un euro symbolique.

La démolition entreprise en 2012 répond à plusieurs objectifs : dépolluer le site, retirer l’amiante et autres déchets, supprimer cette « tâche » visuelle dans le paysage, et protéger un milieu écologique rare dans le Var — les pelouses steppiques du Mont Lachens — ainsi que la biodiversité environnante. Les matériaux inertes, environ 1 100 m³, doivent être recyclés pour des travaux routiers. Ainsi s’achève l’histoire de Varneige : la glisse y est morte depuis longtemps, mais le site, débarrassé de sa carcasse d’hôtel, retrouve un nouveau rôle, tourné vers la nature plutôt que vers le ski.


Article Le Var Matin paru le 3 octobre 2012 " archive départementales du Var"

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